"Tek... nique"

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Technique:

   Gérer le courant en plongée sur épave   

 

[17/04/2009]

 



  Ce qui suit n'est pas un cours, encore moins une leçon, au mieux il s'agit d'une proposition de solutions et d'idées livrées ici en toute subjectivité. Libre à vous de vous en inspirer... ou pas...

Avez-vous lu la page "Avertissement: plongeurs attention"?

 

 

 
 

 

Qui n'a pas gouté aux délices d'une "dérivante" dans le courant le long d'un tombant... Ah... quel bonheur de ne pas lutter contre les éléments... de se laisser porter sans effort et de savoir qu'à la sortie le bateau sera là pour vous récupérer... Bon... stop au délire: sur épave, s' il y a du courant, ça pose plus de désagréments et de contraintes. Les risques de manquer l'épave, de se faire embarquer, de s'essouffler ou de se faire drosser contre les tôles sont bien présents... Voici, bien modestement, quelques idées pour essayer " d'apprivoiser" le courant en plongée sur épave.

 

 

 
  • De la surface vers le fond

Balisage et descente dans le courant

 

(Poids du plomb de gueuse: 15 kg  minimum, à augmenter en fonction de la force du courant)

  • Balisage et largage des plongeurs dans le courant: Là plus qu'ailleurs, il faut être certain que la gueuse va descendre rapidement, bien à la verticale du point de largage. Une gueuse trop  légère ou qui met trop de temps pour atteindre le fond se pose, à coup sûr, loin de l'épave...Il faut aussi, qu'une fois au fond, elle soit suffisamment "ancrée" pour tenir à poste malgré le courant et la traction qu'exerceront les plongeurs et la bouée. Pour se faire on peut augmenter le poids du plomb  de gueuse (15 à 20 kg) ou utiliser un grappin ou une ancre à sable.  Le "gueusage" préconisé par Epave-passion.com (voir chapitre précédent) est bien indiqué dans ce cas de figure, et peut être complété par l'ajout d'un parachute de levage à l'ancre ou à la gueuse qui est  gonflée du fond par la dernière palanquée. Il permet de "récupérer la lourde gueuse" plus facilement mais peut imposer une déco en dérive...

  • Ensuite, il faut "larguer" les plongeurs de façon à ce qu'ils atteignent la balise sans peine. Une des solutions peut être de positionner le bateau de dos, dans l'axe du courant (le bateau présente sa poupe au courant) bien en amont du point de largage en marche arrière, remontant le courant (le bateau recule courant dans le dos). Le largage se fait par la proue ou les côtés afin d'éviter que le bout ne se prenne dans les hélices. Les plongeurs n'ont qu'à se laisser porter par le courant vers la bouée de la gueuse.

 

  • Lignes de vie:  Il est également sécurisant et rassurant de pouvoir disposer d'une ou deux "lignes de vie". Rappel: la ligne de vie est constituée d'un bout d'une 20aine de mètres de long. Idéalement, elle est munie, tous les 2 ou 3 mètres, de petits flotteurs fixes (type "petits donuts" qui font flotter le haut de filets de pêche) et d'anses (fabriquées en nouant le bout qui forme la ligne de vie). Il est souhaitable qu'elle se termine par une boucle un peu plus large. Le mieux est d'en disposer une attachée au bateau et une seconde attachée à la bouée de la gueuse. Ce dispositif permet de se déhaler le long de la ligne de vie afin de rejoindre la gueuse ou le bateau et ce, sans trop s'essouffler.

  • La mise à l'eau des photographes, vidéastes ou encore des "tekkies lourdement équipés": On peu attacher un petit bout de 2 ou 3 m de long au bastingage du bateau, au niveau de l'endroit ou se fait la bascule arrière du plongeur. L'autre extrémité est nouée pour former une boucle que le plongeur tient dans sa main avant de basculer. Le plongeur bascule sans lâcher la boucle. Ainsi, et malgré le courant, le photographe (ou vidéaste...) restera tout près du bateau, on pourra aisément lui faire passer son précieux appareil...

 

  • La mise à l'eau et la descente:  Comme nous venons de le préciser ci-dessus, le largage des plongeurs doit se faire bien en amont de la bouée. Les plongeurs se tiennent prêts à basculer ou à sauter sur l'ordre du pilote: gilets dégonflés (moins de prise au courant), masque à poste et détendeur en bouche. Ils ne doivent pas quitter la bouée des yeux pendant que le pilote manœuvre de façon à savoir immédiatement dans quelle direction palmer dès qu'ils sont dans l'eau. Dans tous les cas, attendre de ne plus avoir le moindre signe d'essoufflement avant de descendre.

  •  La descente se fait IMPERATIVEMENT en tenant le bout, et ce, jusqu'à se que l'on touche l'épave... jusqu'à ce que l'on puisse se tenir aux tôles. Une position de descente bien horizontale offre moins de prise au courant et un léger palmage permet de ne pas trop tirer sur le bout et d'éviter de déplacer la gueuse. (Voir croquis ci-contre)

 

 
 

 

  • Au fond: Progression, exploration dans le courant...      

 
  • La progression en se déhalant:  Une fois sur l'épave on peut enfin lâcher le bout pour se tenir aux tôles. Attention, certaines d'entre elles peuvent être coupantes ou fragiles, le port de gants est vivement recommandé. Du côté de sa config., préférer  la plus compacte possible afin d'être plus "hydrodynamique" et ainsi offrir moins de prise au courant. En cas de fort courant, la progression peut se faire en se déhalant sur les tôles pour progresser, bien sûr, face au courant: attention au choix des tôles sur lesquelles vous vous accrochez; préférez poutrelles ou superstructures aux petites structures (type bastingage). Il ne faut pas que vous vous blessiez ou entailliez votre équipement si elles venaient à se rompre. De plus par respect pour cette épave qui vous accueille évitez de la dégrader... le temps et la mer s'en chargeront bien assez vite... Enfin, ces tôles abritent de la vie fixée (gorgones, éponges, anémones...) qui ne doivent pas souffrir de votre visite.

 

  • La progression par "bonds": Une autre technique, (peut-être un peu  plus respectueuse et intéressante), consiste à progresser toujours face au courant mais cette fois par "petits bonds": On se protège du courant en s'abritant derrière les tôles de l'épave (château, cale...), puis on palme à contre courant sur quelques mètres avant de s'abriter à nouveau derrière une tôle. Là, on explore, on se reposer un peu, histoire d'éviter l'essoufflement... et on recommence.

 

  • Gestion du temps au fond et planification: si, en l'absence de courant, on peut diviser en 2 parties à peu près égales le temps d'explo aller et le temps dédié au retour, dans le courant il est préférable de consacrer les 3 premiers quarts de son temps d'explo à la progression (face au courant) et le dernier au retour.  Exemple: si on a planifié 20 minutes d'explo on peut progresser face au courant pendant 15 minutes avant de consacrer les 5 dernières pour le retour, poussé par le courant. On peut bien sûr moduler ce ratio pour adapter son temps d'explo à la force du courant: s'il est plus faible (2/3 aller 1/3 retour... etc...)

 

  • Essoufflement, consommation et... humilité: Même en utilisant les techniques de progression ci-dessus le risque d'essoufflement est toujours présent lors d'une plongée contre le courant. De tout façon, ce dernier est toujours le plus fort et vouloir le dominer est utopique. Au mieux on le dompte, on fait avec, mais au final l'humilité doit être de rigueur... Il faut planifier son immersion en surestimant au moins d'un tiers sa conso normale. Personne n'est à l'abri d'un début d'essoufflement ou d'une surconsommation due à l'effort. De plus, vous-même n'aurez peut-être pas besoin de ce 1/3 supplémentaire, mais pensez que votre binôme lui ,saura l'apprécier en cas de nécessité!!!

P. Strazzera

Progression face au courant abrité en fond de cale ou derrière les tôles

 

P. Strazzera

(Cliquez pour agrandir)

La progression est plus facile à l'abri dans l'épave qu'au dessus exposé au courant


 

 

 
 
  • La remontée

  P. Strazzera

Le plongeur  effectue ses paliers "à la gueuse"       

 

   P. Strazzera

(Cliquez pour agrandir)         

Paliers en dérive sous parachute              

  • Planification et communication: "On dit ce que l'on fait et on fait ce que l'on dit!!!*" Ici, cette formule  prend toute son importance. La planification de la remontée se fait  en concertation avec la sécu surface. Et, sauf cas d'urgence, il faut s'en tenir aux plans*. Si la sécu à bord du bateau s'attend à vous voir remonter le long du bout, vous devez remonter à ce bout. Si malheureusement une palanquée ou un plongeur se fait "embarquer" par le courant il faut convenir à l'avance d'une procédure de repli (plan B). Pensez, dans ce cas, que le parachute reste le seul moyen de communication et de repérage entre le fond et la sécu surface. Dans tous les cas le bateau doit rester manœuvrant ou prompt à quitter son mouillage rapidement pour suivre d'éventuels plongeurs en dérive. Ajouter également au matériel de sécu habituel à bord, une bonne paire de jumelle qui permettra de suivre plusieurs planquées en déco dérivante...

          Deux solutions s'offrent aux plongeurs: la remontée à la gueuse ou en dérive:

* vieil adage de "Tekkies"                             

*Plan principal et plan de secours (plan B)

                                 

  • Remontée et déco à la gueuse:  Il faut évidemment que la gueuse installée puisse supporter la traction que vont exercer toutes les palanquées en déco. Un mouillage solidement fixé sur l'épave se prête tout particulièrement bien à ce cas de figure... Si l'explo se déroule comme prévue le retour à la gueuse est le signal de la remontée et de la décompression. Tout comme lors de la descente il ne faut en aucun cas lâcher le bout. Ce n'est en effet pas le bon moment (fin de plongée, saturation) de faire des efforts pour récupérer un bout lâché par négligence ou  inattention. Pour plus de confort , les paliers peuvent se faire à la longe. Celle-ci permet de s'extraire de la "grappe" de plongeurs agglutinés aux derniers paliers, de rester solidaire de la gueuse sans effort et d'avoir les mains libres pour faire ses changements de gaz par exemple.

 

  • Que faire si on se fait "embarquer"?: Plan de secours ou plan "B". Si par inadvertance on lâche le bout, pas de panique. Comme vous êtes des plongeurs responsables et bien organisés vous avez prévu avec la sécu surface cette éventualité. Et vous passez alors au plan B: "remontée et déco en dérive" (voir ci-dessous)...

 

  • Remontée et déco en dérive (pleine eau). La remontée en pleine eau est de loin la plus confortable pour les plongeurs, mais elle est beaucoup plus complexe à gérer pour le bateau. Que ce soit planifié ou que ce soit votre plan de secours la technique est la même. Si l'un des deux membres du binôme se fait embarquer, l'autre lâche le bout et part en dérive avec son coéquipier. La déco et la remontée se font sous parachute largué depuis le fond grâce à un dévidoir. L'équipement des plongeurs doit-être adéquat, ceux-ci entraînés, et prêts techniquement au largage d'un parachute depuis le fond.


   

 

 

  • En dérive... sous parachute:      

 
  •  Le Parachute doit être lancé depuis le fond et ce, dès le début de la remontée, afin de prévenir la surface que vous commencez votre déco en dérive. Le parachute est primordial pour le bateau qui suivra votre dérive, depuis la surface aux jumelles si besoin. Ce qui sous-entend que chaque plongeur soit équipé d'un dévidoir principal* (avec longueur de fil adapté à la profondeur de l'épave), d'un de secours ainsi que deux parachutes. Ils doivent savoir les utiliser en toutes circonstances.

 

  •  Le largage du parachute peut se faire en deux temps par l'un des deux plongeurs. Celui-ci a été désigné lors de la planification de la plongée, l'autre, parfaitement stabilisé, fait face et surveille prêt à intervenir si besoin (prêt à démêler ou "dégrainer" sa cisaille). Le parachute principal est sorti de son rangement, déroulé, mais ne doit pas être solidaire du dévidoir. Il faut alors y souffler (par la moustache de son détendeur par exemple) un tout petit peu d'air afin qu'il s'érige mais ne remonte pas encore vers la surface. Ensuite le dévidoir y est accroché. On vérifie, sous la surveillance du binôme, que le fil soit bien libre, et que le dévidoir soit bien déverrouillé. On ressouffle alors dans le parachute afin, cette fois, de l'envoyer en surface.

 

  • Si le parachute principal est inutilisable (emmêlé, crevé, perdu) on utilise celui du binôme ou celui de secours si on est seul... La surveillance du binôme est très importante lors du largage du parachute par grande profondeur, il sert également de repère visuel pour le maintien de la profondeur. Les rôles respectifs ayant été assignés lors de la planification d'avant plongée, le "surveillant" doit bien veiller à ce que le fil du dévidoir ne soit pas emmêlé ou pris quelque part lors du largage. Si malgré toutes ces précautions, le fil se prend au dévidoir, il faut IMPERATIVEMENT lâcher son précieux dévidoir. Dans le meilleur des cas il sera récupéré par le bateau, dans le pire il sera perdu, mais vous ne vous serez pas laissé embarquer vers la surface évitant ainsi les conséquences dramatiques d'une remontée rapide et non contrôlée.

     

  • *Un second parachute et un second dévidoir, pour quoi faire!? Une galère n'arrivant jamais seule et un accident de plongée étant souvent un enchaînement de petits incidents... il suffit pour commencer de se faire embarquer ou de ne pas retrouver la gueuse (alors que l'on avait planifié de faire sa déco dessus), puis de perdre son binôme (soit resté à la gueuse ou perdu par mauvaise visi). On se retrouve seul en pleine eau avec une flopée de palier à effectuer... pour compléter ce tableau cauchemardesque il ne manque plus qu'à emmêler le fil du dévidoir et voir parachute et dévidoir partir en surface... sans redondance  "dévidoir, parachute" vous voilà partis pour une longue dérive sans aucun moyen pour le bateau de vous repérer et de remédier à une hypothétique panne de gaz... A bon entendeur...

 

  P. Strazzera

Largage du parachute au dévidoir        

  

 

          

La communication plongeur / surface...      


 
 

 

           

 
  • Remarques  sur l'exploration par courant    

P. Strazzera

Plongeur sur le Michel C            

  • Sur certaines immenses épaves (plus de 100 de long) si le courant est bien orienté dans l'axe, les plongées dérivantes sont possibles: On  "s'accroche "délicatement" aux tôles pour explorer, puis on se lâche pour progresser, le courant servant de "loco-plongeur"... On peut aussi, dans le même esprit avoir préalablement équipé l'épave d'un long bout fixé sur une superstructure solide de l'épave. La progression se fera alors par "petits bonds" en laissant glisser le bout dans son gant.

 

  • Quelques avantages du courant: il "nettoie la visi" et attire les gorgones. En général les épaves dans le courant sont plutôt claires et leurs coques garnies de belles gorgones (attention fragile!!!).

 

  • Hormis les problèmes de sécu évoqués ci-dessus le courant impose, de fait, aux plongeurs de rester "collés" aux tôles lors de l'explo pour ne pas se faire embarquer. Autan dire qu'il est difficile de "prendre de la hauteur" pour admirer l'épave dans son ensemble... Attention également aux limites d'utilisation de vos ordi ou table: pour exemple les tables MN90 ne sont plus utilisable quand le courant est supérieur à quelques nœuds...

 

 

 


 

 

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  1. Repérage et balisage d'une épave
  2. Gérer le courant
  3. Explorer une épave par mauvaise visibilité
  4. Particularité des profil des plongées sur épaves et décompression
  5. Conseils pour explorer une épave et en profiter au mieux
  6. Pénétrer dans une épave, ça ne s'improvise pas!
  7. Gérer les risques d'accrochage
  8. Le matériel, les configurations en plongées sur épave
  9. Divers: Utilisation du parachute, dévidoirs...
  10. Gonflage Air / / ... dans son garage!!!
  11. Forum technique

 


 

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